Témoignage d’Emile

Le récit que voici est pour moi une occasion de rendre grâce au Seigneur pour sa délicatesse envers moi et aussi pour sa fidélité au long de ce long cheminement bien souvent émaillé d’égarement, d’insouciance mais aussi d’un ferme désir d’avancer.

Tout ceci remonte bien loin, à mes années de cours primaire. Je savais à peine ce que je disais lorsque j’ai commencé à dire à mes parents que je voulais me faire prêtre. Pourquoi prêtre et pas autre chose ? Je ne saurais alors le dire avec des mots idoines. Une seule chose était claire dans mon esprit : j’aimais les prêtres non parce que j’en connaissais particulièrement mais simplement car ce que je percevais d’eux de l’extérieur suffisait à me combler. Peut-on vraiment exprimer par de simples mots, ce qui vous comble du dedans ?

En tout cas, à cette étape, je ne parle que de désir et cela rendait ma mère dubitative tandis que mon père ne semblait y trouver aucun inconvénient. Pour ma part, j’ai  poursuivi mes études primaires qui étaient aussi une de mes véritables passions. Cependant vers la fin de ce cycle, une fois mes derniers sacrements d’initiation achevés, je suis devenu formel sur ce que je comptais faire après le certificat du cours primaire.  Ce que je voyais les dimanches de loin et qui ne me laissaient pas de marbre, désormais grâce au service de l’autel que je rendais sur ma paroisse, je pouvais m’en approcher véritablement. Dans ma tête et autour de moi, cela ne faisait plus mystère je devais partir au petit séminaire.

Le 15 novembre 1999, par un après midi sobrement arrosé par de fines pluies, je fis mon entrée au séminaire saint Pie X de Lomé. Une aspiration comblée, une aventure enclenchée dont j’ignorais à nouveau où cela pourrait me mener.

Dans ce lieu bénit de ma formation, huit années scolaires durant, je sentis de plus près la main du Seigneur me mener par des sentiers multiformes. Là, au milieu d’autres jeunes j’ai poursuivi la quête du lieu futur de mon épanouissement. J’y ai vécu des évènements extraordinaires dans le quotidien de l’aventure d’un chercheur de Dieu. Dans la succession, mieux, le changement des choses, une seule est restée immuable au fond de moi, le désir premier que Dieu me fait signe d’avancer. Cela, aujourd’hui encore je suis complètement incapable de l’expliquer et encore moins de l’exprimer autrement. Ce désir, aucun mot ne le traduit à suffisance et je souffre de ne pouvoir le partager avec plus de monde. C’est une réalité trop forte. Je retiens de ces longues et belles années tant de choses : que d’édifiants enseignements ! J’ai déchiffré patiemment au fil de ces jours le code du désir qui me consume. Je l’ai confronté à celui d’autres jeunes, pour la plupart plus outillés que moi. Je me suis fait aider de frères aînés dont j’ai savouré les conseils et dévorés du regard l’exemple de vie.

Enfin, pendant ces années de séminaire, outre les études qui marchaient bien pour moi, une lente purification de mon désir s’est opérée. J’ai appris à aimer cette vie ; je m’y sentais bien. Hélas, le Seigneur en décida autrement. Un coup dur car sur le champ, quitter le séminaire, continuer à l’université, un monde dont je ne connaissais rien du tout, me semblait être un châtiment. Ce ne fut guère aisé pour moi de m’imaginer que le Seigneur pouvait permettre une telle chose encore moins pour mon bien. Cependant c’est bien le cas. Au bout de trois ans, j’ai découvert enfin ce que son doigt m’indiquait : l’Assomption. C’était tout près, mais je cherchais trop loin. Ici aussi, je suis incapable de dire exactement comment tout cela s’est passé. Je ne trouve aucun mot pour dire comment le Seigneur m’a mené mais je sais parfaitement une chose et je peux la partager avec tout le monde : pendant ces trois dures années, ce désir premier que le Seigneur me faisait signe ne fit jamais pour moi l’ombre d’un doute. J’en étais persuadé. Ce désir s’est révélé de plus en plus fort. J’avoue que c’est en cela justement que j’ai trouvé la force de tenir. Seul, je n’y pouvais peut-être pas ; pendant ces dures années, je me suis accroché aux conseils parfois déroutants de mon directeur spirituel ; j’y ai beaucoup gagné. En même temps que ce désir, une profonde paix emplissait mon âme malgré les multiples soucis que je portais sur mon avenir. Enfin, c’est le Seigneur qui a tout accomplit ; c’est Lui qui a prit le risque de marcher avec moi. Pour ma part je n’ai jamais douté de sa présence. Dans l’épreuve, j’y crois plus fermement.

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