UNE HOMELIE DU 13 NOVEMBRE 2011 A OUAGA

Dimanche 13 novembre 2011 : Célébrer nos trois Martyrs Bulgares en Communauté Assomptionniste de Ouagadougou
Bienheureux Kamen Vitchev, Pavel Djidjov, et Josaphat Chichkov
Introduction :
Point ne serait besoin de vous rappeler quand ce grand jour est entré dans la foulée des grandes fêtes assomptionnistes. Mais, pour l’honneur de la cause, souffrez que nous en fassions mention au début de cette Eucharistie en mémoire de nos trois Martyrs Assomptionnistes Bulgares ! C’était à l’occasion de son voyage apostolique en Bulgarie entre le 22 et le 26 mai 2002, que le Pape Jean Paul II, d’heureuse mémoire, avait béatifié trois martyrs du communisme : les Pères Assomptionnistes Kamen Vitchev, Pavel Djidjov et Josaphat Chichcov. C’était le 26 mai 2002. Depuis lors, les trois bienheureux martyrs sont honorés solennellement dans toute la famille de l’Assomption chaque 13 novembre.
« Dans vos martyrs, c’est vous qu’on tue, Mais vous qu’on glorifie ; Car votre Église en eux salue La force de l’Esprit. »
Préparons-nous à célébrer cette Eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs et demandons pardon pour tous nos manquements et le péché de nos sociétés injustes qui, délibérément, veulent vivre sans Dieu comme ce fut le cas de la Bulgarie après la deuxième guerre mondiale.
Homélie :
Bien aimés de Dieu, Mes Frères et Sœurs dans le Christ, Bonjour !
Aujourd’hui, c’est dimanche et, en Église, nous célébrons la mort et la résurrection de Notre Seigneur Jésus Christ, le grand mystère qui fonde notre foi. La liturgie romaine ne négocie pas le choix des lectures de ce jour ! Mais, ce 13 novembre 2011, jour mémorable en Assomption, jour mémorable parce que consacré à l’honneur des Bienheureux Martyrs Assomptionnistes Bulgares, sans pour autant négliger cette suprême norme liturgique, – ce qui serait une initiative contre Rome -, le choix des lectures a été fait, comme vous vous en êtes bien rendus compte, sans Rome. C’est l’orientation de la Congrégation et, étant donné que nous célébrons dans notre chapelle communautaire et non en paroisse, c’est tolérable !
De la première lecture, un extrait du second livre des Martyrs d’Israël (II Maccabées 6, 18-31), l’auteur sacré nous fait part du courageux choix du martyr, choix qu’a opéré le vieillard Eléazar, un nom qui signifie Dieu a aidé, pour une cause noble : cohérence et dignité de vie. C’est une invitation faite à chacun de nous : préférer avoir une mort prestigieuse en Christ plutôt qu’une vie abjecte.
Pavel Djidjov ne disait-il pas : « Pouvons-nous continuer à travailler comme nous l’avons fait jusqu’à présent à semer l’esprit catholique large, ouvert à tous les peuples, à tous les rites, à toutes les coutumes? Je crois, mon Père, que oui, malgré toutes les difficultés. (…) Nous attendons notre tour : que la volonté de Dieu soit faite !», comme pour témoigner de sa promptitude au supplice pour la cause de Dieu et de l’homme ? Dans le même sens et pour la même cause, Josaphat Chichkov ne disait-il pas, de sa part pour marquer l’ultime choix de son cœur : « Nous cherchons à faire le mieux possible tout ce qu’on attend de nous pour pouvoir nous sanctifier. (…) L’essentiel est d’aller jusqu’à Dieu, en vivant pour lui, tout le reste n’est qu’accessoire »? Et, à quelques mois de l’infâme procès qui les condamna à mort, Kamen Vitchev, pour exprimer le désir profond de son cœur devant le supplice, n’écrivit-il pas à son Supérieur Provincial : « Obtenez-nous par la prière la grâce d’être fidèles au Christ et à l’Église dans notre vie quotidienne, afin d’être dignes de lui rendre témoignage quand viendra le moment » ? Il y a là, mes frères et sœurs, un cuisant témoignage de la courageuse cohérence de vie dont ont fait montre ces trois Pères face à la souffrance et à la prison. Pour nous, ils sont vraiment modèles de foi vécue jusqu’au dernier soupir. C’est là même l’invitation que nous lance l’Évangile choisi pour la circonstance.
En effet, de la troisième lecture, un extrait de l’Évangile selon saint Matthieu (Matthieu 10, 17-22), un vibrant appel nous est lancé : la persévérance jusqu’au dernier soupir de notre vie. Malgré les tourments et la bastonnade des tribunaux et prisons, l’irréversible portion de ceux qui, mû par leur choix du Christ, s’engageront à ramer à contre courant de l’esprit du monde, il n’y a pas à se faire de souci. Car, leur avocat, l’Esprit de Dieu, est toujours là pour plaider leur cause.
De sa part, la deuxième lecture, un extrait de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (Romains 8, 31b-39), nous confie une certitude : grâce à l’amour du Christ Jésus pour nous, l’amour dont la manifestation ultime fut sa crucifixion et sa mort au Golgotha, ni la détresse, ni l’angoisse, ni la persécution, ni la faim, ni le dénuement, ni le danger, ni le supplice, rien du tout, ne pourra nous séparer de la béatitude céleste. Le Christ Jésus est la justice de ceux que Dieu lui donne. Justifiés par sa mort et sa résurrection, ceux qui sont à Dieu ne sont accusés de personne d’une accusation qui tienne.
En tout cas, malgré leur condamnation à mort et l’exécution du verdit comme tel en 1952, pour les trois Martyrs Assomptionnistes Bulgares et d’autres qui furent injustement condamnés avec eux, tout est aujourd’hui clair : leur accusation ne pouvait tenir debout. En effet, le mercredi 28 juillet 2010 restera comme un jour historique pour l’Église catholique en Bulgarie et pour notre famille religieuse de l’Assomption. Ainsi, les condamnés, « accusés d’avoir fondé, dirigé ou aidé après le coup d’État du 9 septembre 1944 une organisation dont la tâche était de renverser, ébranler, affaiblir le pouvoir démocratique populaire établi en République populaire de Bulgarie par un coup d’Etat, une révolte, une émeute, par des actes de terrorisme, par des crimes constituant un danger pour l’ensemble de la société et par une intervention militaire de l’étranger », ont vu leur mémoire lavée 58 ans après leur condamnation. Cette réhabilitation intervint, certes, alors que tous les prêtres, religieux et religieuses bulgares impliqués dans ce procès n’étaient plus de ce monde. Sans doute, cette réhabilitation n’a-t-elle qu’une valeur bien relative pour eux qui connaissent maintenant la vraie justice après avoir rencontré le Juge juste et miséricordieux ! Néanmoins, nous ne pouvons que nous réjouir de voir la justice enfin rétablie à notre niveau.

Au cours de cette Eucharistie, en pensant aux différents engagements apostoliques de l’Église universelle, apostolats embrigadés par les tendances égoïstes et tyranniques de ce monde, situation fréquente au sud du diocèse de Butembo-Beni (RDC), demandons la grâce de la force et de l’endurance dans les épreuves, la cohérence et la dignité de vie devant le supplice.
Le Seigneur soit avec vous !
Père Paulin KAKULE VYAKUNO, AA

Partager sur :
Ce contenu a été publié dans La vie des communautés. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *