La nouvelle évangélisation : une foi agissante

Père Paulin

Ta requête ne nous conduirait-elle pas à danser avant la musique ? Certes, il est possible d’envisager déjà quelque chose à partir des Lineamenta. Mais il serait mieux d’attendre l’Exhortation apostolique post synodale qui donnera minutieusement les manières et méthodes nouvelles pour transmettre la Bonne Nouvelle à l’homme d’aujourd’hui.

Qu’en cela ne tienne, je pense que, concrètement pour l’Afrique que je connais, une Afrique aux églises pleines de fidèles, il reste impérieux de revitaliser les CCB, l’unique et fiable manière d’être Église aujourd’hui et toujours, sur le modèle d’une famille dont les membres se connaissent mutuellement, i.e. savent les vrais besoins de l’un et de l’autre et s’apprêtent ainsi au soutien mutuel, tant spirituel que matériel, pour donner chair à l’invitation de Saint Jacques à avoir une foi agissante(Jc 2: 14sv). Dans une CCB de tout au plus cinq à dix familles qui non seulement prient, méditent et partagent la Parole de Dieu ensemble, il est possible d’endiguer le fléau de la sécularisation à outrance. Les Lineamenta du synode pour la nouvelle évangélisation, au point 9 intitulé « Nouvelles façons d’être Église », émettent le vœu d’une Église qui doit éviter de perdre non seulement le visage d’une Église domestique, populaire, mais aussi sa capacité d’être proche de la vie quotidienne des personnes, pour annoncer à partir de là le message vivifiant de l’Évangile. Aussi poursuivent-ils que, pour le Bienheureux Pape Jean Paul II, et ceci demeure vrai pour moi et pour tous j’espère, la « nouvelle évangélisation » signifie refaire le tissu chrétien de la société humaine, en recomposant le tissu des communautés chrétiennes elles-mêmes. Mieux, dans le concret, il est question d’être une Église présente au milieu des maisons de ses fils et filles.

Fort de ces convictions, sur la manière dont, dans la fidélité aux actes de notre chapitre provincial (n° 25), nous pouvons nous approprier et traduire aujourd’hui la nouvelle évangélisation, mon avis est celui-ci :

-Nous engager, avec le consentement du Curé de la Cathédrale, à faire de la CCB Saint Léon, une véritable CCB, nouvelle manière d’être Église évangélisatrice en profondeur. Entendez par évangélisation à profondeur, une évangélisation porte à porte, mue par le désir d’animer la vie de chacune des familles de la CCB et de l’orienter vers le Royaume à venir mais qu’il faut construire dans le quotidien. Merci !

Père Paulin K. VYAKUNO, AA

 

Cette question me fait immédiatement penser à une phrase du théologien Allemand Karl Rahner prononcée en 1971 : « Si nous ne bougeons pas, nous serons bientôt une arrière – garde ». Il me semble qu’il pensait à l’Église catholique quand il disait cela, et je pense que le synode sur la Nouvelle évangélisation nous invite à « bouger » et à nous situer autrement : l’annonce de l’Évangile doit être adaptée à notre époque comme un service à rendre à la société. Le message de Jésus Christ doit toujours être retransmis à neuf, en fonction de la situation historique. Or, aujourd’hui, nous vivons dans un nouveau monde avec ses connaissances fournies par les nouvelles sciences et du coup nous avons à faire à de nouveaux appels sociaux. Notre famille religieuse, l’Assomption,   nous invite à être des hommes de communion, proposant la foi et solidaires des pauvres. Nous répondrons aux défis de la Nouvelle évangélisation, si nous sommes capables de répondre aux besoins qui ne sont pas, ou pas encore, pris en compte par les dispositifs actuels des églises dans lesquelles nous sommes insérés, ni par les dispositifs officiels, étatiques ou administratifs. Je pense par exemple à la vie associative. Les associations sont les radars de la vie sociale, elles détectent des besoins, des carences et modestement, elles essaient d’imaginer des réponses, des solutions. Elles veulent promouvoir le « vivre ensemble ». Notre présence dans des lieux comme le Service Pastoral pour la Formation et l’Accompagnement des Responsables (SEPAFAR), DELWENDE (centre d’accueil de femmes accusées de sorcellerie) est d’une richesse fascinante. Pouvons-nous en discerner d’autres autour de nous ? Concrètement, pour notre communauté insérée dans l’Église et la société burkinabè, je suggère l’attitude suivante : Nous préparer (ne sommes-nous pas dans une maison de formation ?) à être le plus clair possible lorsque nous parlons ou parlerons de l’Évangile aux personnes qui nous entourent. C’est ce qu’Albert Rouet appelle la « justesse des mots ». Nous n’avons pas à nous montrer meilleurs que les autres. Au contraire, nous avons à mêler notre langage au langage des autres et à nous positionner, non pas en concurrence, mais en dialogue, pour bâtir avec eux une parole de foi. Vous comprenez bien que quand je dis cela, je dis la manière dont nous pouvons travailler aujourd’hui à faire « communion » avec les autres et à « dialoguer » avec eux. Une parole juste doit être bonne et mettre en relation. Parmi les paroles fortes prononcées par les pères synodaux du synode en cours à Rome, je retiens celle de Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême. Pour lui, la nouvelle évangélisation nous pousse à « Savoir discerner, au milieu des temps éprouvants pour la mission chrétienne que nous vivons, les attentes spirituelles qui portent sur des questions de vie et de mort », à  « purifier notre foi de ce qui l’alourdit et oser parler à Dieu des autres que nous rencontrons, avant de leur parler de Dieu », à « comprendre que le but de l’Église, ce n’est pas l’Église , mais la rencontre des hommes avec le Dieu vivant. »

JP Sagadou

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