Autour de Victoire DOGBE, ministre togolaise de la jeunesse
La proposition en est faite par le Centre Culturel saint-Augustin (CCSA) de Sokodé (Togo) en lien avec la communauté assomptionniste de Ouagadougou (Burkina Faso), à des élèves et étudiants entre 18 et 35 ans. Le CCSA est sous la responsabilité des Assomptionnistes, une congrégation religieuse catholique présente au Togo et au Burkina Faso.
Faire vivre ensemble des jeunes musulmans, des catholiques et des protestants
Depuis 2009, des jeunes de la sous-région ouest africaine, venant du Burkina Faso, du Benin, du Ghana, du Mali et de la Côte d’Ivoire ont entrepris de faire des voyages sous le signe de l’intégration régionale. Du signe de l’intégration régionale (Burkina 2009) à la réconciliation (RCI 2012) en passant par le rapprochement des cultures (Benin 2010), la renaissance africaine (Mali 2011), telles sont les thématiques qui les ont guidés ces 4 années durant. Au cours du dernier voyage effectué en république de Côte d’Ivoire en août 2012, les jeunes ont choisi le Togo pour la 5ème édition. Avec une cinquantaine de jeunes depuis l’initiative, ils ambitionnent de se retrouver à près de 150 pour cette présente édition avec des activités dans différentes villes du Togo.
Les quatre premiers voyages ont permis à de nombreux jeunes de la sous-région de sortir de chez eux, de penser avec d’autres jeunes et d’apprendre à vivre ensemble. La grande originalité de cette initiative de voyages interreligieux et interculturels est de rassembler, à chaque fois, plus de 50 jeunes de plusieurs pays et de plusieurs villes, de plusieurs niveaux de formation et de plusieurs confessions religieuses pour vivre la même aventure. Tous, jeunes musulmans, catholiques et protestants sont toujours unanimes sur la pertinence de tels voyages et souhaitent que cela se poursuive et s’étendent à plusieurs autres jeunes sur le continent. Ils ont compris qu’à travers de telles expériences ils acquièrent des valeurs citoyennes pour leur propre bien et pour le bien de leurs régions respectives.
A l’origine de cette initiative : les Augustins de l’Assomption (dits Assomptionnistes), une congrégation religieuse catholique installée au Togo à Sokodé depuis 2006 et au Burkina Faso depuis 2011. Le lieu de naissance de cette initiative : le Centre Culturel Saint-Augustin de Sokodé, un centre interreligieux. La jeunesse constitue une des passions apostoliques des religieux assomptionnistes. Le grand souci est de développer le tourisme culturel, les voyages et les rencontres entre jeunes pour favoriser l’intégration des peuples, pour faire naître une culture du dialogue et de la rencontre de l’autre et aider les jeunes à grandir comme des personnes libres et responsables. La première édition du voyage au Burkina, la deuxième au Bénin, la troisième au Mali et la quatrième en Côte-d’Ivoire, ont été, de l’avis de tous les participants, de grandes réussites. Du coup, le Centre culturel Saint-Augustin, réengage un cinquième voyage dans le même esprit que les précédents :
• Donner une chance à l’intégration africaine par la rencontre entre jeunes
• Développer chez les jeunes une culture de la rencontre, du dialogue interreligieux et interconfessionnel, de l’échange entre peuples et entre nations au service de la paix et de la solidarité
• Lutter contre les discriminations fondées sur le sexe, la religion, l’origine nationale et ethnique
• Favoriser le respect des valeurs humaines et spirituelles des peuples sans distinction, mais dans l’égalité et la justice au sein de sociétés multiethniques
Sous le signe de la Citoyenneté et de l’intégration africaine
De nos jours, le monde politique loue de plus en plus les systèmes de gouvernement démocratiques fondés sur le principe de l’alternance et la souveraineté donnée au peuple qui l’exerce selon les principes que lui-même établit à travers sa Constitution. C’est un idéal qui ne peut cependant devenir réalité que si chaque citoyen connait ses droits, en jouit pleinement et se donne réellement pour cette cause. L’exemple du mouvement des peuples de l’Afrique du Nord dénote très certainement le désir de ceux-ci à disposer de leur propre destin, et il n’est pas toujours facile de prendre en main son propre destin, car comme le dit Jules Renard : « Il faut que l’homme libre prenne quelquefois la liberté d’être esclave. »
Les pays de la sous-région se sont engagés depuis plusieurs années à renforcer les institutions communes de gestion des contraintes politiques et économiques auxquelles ils sont tous confrontés. La force de ces institutions réside sans doute dans la participation citoyenne des populations des États qui les constituent, notamment les jeunes. Pourtant, plusieurs faits montrent que la citoyenneté est mise à rude épreuve au sein de notre espace sous régional ouest africain.
Nous avons la difficulté de former aujourd’hui des peuples unis autour du seul principe de la citoyenneté ; ce qui se traduit le plus souvent par des conflits ethniques et religieux, quelquefois liés à l’inégalité des genres, les différends frontaliers, qui refusent même à certaines entités, le droit d’appartenir à la classe citoyenne ; c’est le cas toujours actuel du Nigeria, du Mali … Dans la plupart des pays de la sous-région, nous assistons à un certain désintérêt des jeunes pour la chose politique ; en témoigne la faible participation des jeunes lors des différents scrutins ; la gestion calamiteuse des biens publics (vandalismes, pollutions, incivisme)… Dans le souci d’éducation à la citoyenneté, plusieurs pays, à travers des forums et différents événements, ne cessent de sensibiliser les jeunes :
– Burkina Faso : organisation annuelle de la semaine nationale de la citoyenneté (8e édition en décembre 2011)
– Togo : Organisation du forum national de la jeunesse togolaise en avril 2011, sur le thème « Citoyenneté, Formation et Emploi : Défis à la promotion de la jeunesse togolaise »/ En octobre 2012, Organisation d’un « Forum de la jeunesse » à l’initiative de l’ambassade des USA au Togo sous le thème « Engagement citoyen et éducation ».
Quatrième édition en Côte-d’Ivoire
– Mali : Mise en place en 2008 d’un Programme d’éducation nationale à la citoyenneté (PNEC) / Organisation en juillet 2009 par la Jeune Chambre Internationale d’une conférence sur « Jeunesse et citoyenneté active pour un Mali pluriel, solidaire et prospère ».
– Côte-d’Ivoire : en août 2012, formation de la jeunesse ivoirienne à la citoyenneté démocratique au siège de la Commission nationale de la francophonie à Cocody à l’initiative de l’ONG la « Cité de la Tolérance ».
Le choix donc du thème « Citoyenneté et intégration » se situe en plein dans cette perspective. Convaincus que la jeunesse doit participer à la gestion de la cité, nous voulons, à travers ce voyage, rassembler des jeunes qui sont convaincus qu’une citoyenneté toujours plus accentuée est un moyen d’intégration socioculturelle.
Jean-Paul Sagadou
Initiateur du projet
