La mission du Père Vincent KAMBERE en Afrique de l’Ouest

À la fin de son séjour à Ouagadougou où il a animé la retraite communautaire annuelle du 23 au 30 juin 2013, le père Vincent KAMBERE a accepté de répondre à quelques questions sur son passage à Ouaga et sur sa mission assomptionniste en général.

Père Vincent, soyez le bienvenu à Ouagadougou ; comment vous sentez-vous ici ?

kambere1L’accueil, l’hospitalité, la solidarité, le sens de l’autre, le sourire au visage… sont des valeurs par lesquelles les africains se caractérisent en général. Cela se prouve en Afrique centrale d’où je suis originaire, en Afrique de l’Est que j’ai fréquentée pendant les six dernières années dans le cadre de la responsabilité qui était la mienne dans la province d’Afrique pour les missionnaires assomptionnistes. Aujourd’hui, missionnaire en Afrique de l’Ouest, je suis séduit par les mêmes valeurs et je puis conclure qu’elles sont vraiment chères à tous les peuples de l’Afrique noire. Il faut dire que je suis heureux de me réaliser au milieu des peuples qui n’ont pas tardé à m’adopter. Je vis comme si j’étais en mon milieu d’origine. Oui, je ne me retrouve pas totalement étranger auprès de mes frères et sœurs de l’Afrique de l’Ouest avec qui je suis appelé à vivre dans la paix et la concorde. Cela est un motif d’action de grâce pour moi. Ces valeurs chères à l’Afrique sont des vrais signes d’espérance pour l’évangile de la paix, de la justice et de la réconciliation.
Dans un monde mondialisé, les africains ont intérêt à être fier de leur identité africaine et à entrer en relation avec toutes les cultures du monde dans une dynamique du « rendez-vous du donner et du recevoir » (expression de Léopold Sedar Senghor, un des éveilleurs de conscience des africains par la Négritude). Ce qui, bien sûr, exige des africains un discernement de qualité pour pouvoir distinguer les partenaires qui promeuvent la vie de ceux qui la menacent. Nous devons veiller à éradiquer la culture de l’insécurité, de l’injustice et de la violence en nous appuyant sur les valeurs culturelles africaines que l’Évangile de Jésus, le Christ, est venu consacrer en son sein. L’Église nous y invite incessamment par l’intermédiaire de nos deux derniers Papes et nos Pères synodaux pour l’Afrique. Prenons-en conscience pour nous comporter en conséquence par la suite.

Cela fait près d’une année que vous êtes en Afrique de l’Ouest, une mission que vous avez inaugurée depuis vos missions antérieures, et que vous consolidez aujourd’hui. Quelles sont vos impressions ?

Les impressions qui sont les miennes sont très bonnes. Après sept ans de présence assomptionniste en Afrique de l’Ouest, je trouve que l’Assomption est bien déterminée pour la cause de l’Évangile. La raison d’être de l’Assomption au monde est bien remarquable dans la réalisation d’ensemble. Je me dois de saluer tous les confrères pionniers de notre mission assomptionniste en Afrique de l’Ouest. Ils méritent un coup de chapeau. À tous ceux qui y poursuivent l’œuvre de l’Adveniat Regnum Tuum, ils méritent d’être encouragés. Je suis personnellement heureux de voir que les trois aspects qui caractérisent notre congrégation, à savoir doctrinal, social et œcuménique, soient pris en compte dans l’ensemble de notre apostolat. Les différents champs d’apostolat où les assomptionnistes se réalisent pour la cause de Dieu et de l’homme sont pris au sérieux : l’apostolat paroissial, la gestion de la radio diocésaine Sainte Thérèse de Sokodé, la gestion du centre culturel Saint Augustin à Sokodé, l’aumônerie des écoles publiques et non conventionnées catholiques, les voyages d’intégration africaine. Je salue aussi la collaboration dont les confrères font bien montre dans ces différents champs d’apostolat. Quant à l’éveil des vocations pour l’Assomption et à la formation, je dis simplement : Deo gratias ! Dieu bénit notre famille religieuse en Afrique de l’Ouest par des jeunes qu’il appelle en vue d’en faire des passionnés de l’Évangile. Le sens de responsabilité et la détermination dont font preuve les jeunes religieux assomptionnistes de l’Afrique de l’Ouest nous rassurent. Ils font bien leurs les soucis de l’Assomption. Je n’ai qu’à leur souhaiter bonne continuation. Ma prière, c’est que l’Assomption puisse leur servir de cadre favorable pour s’épanouir dans leurs engagements tant baptismaux que religieux.

Pouvez-vous nous parler de l’état d’esprit dans lequel vous avez pu prêcher une si importante retraite pour vos frères de Ouagadougou ?

La retraite s’est passée dans un très bon climat. Le centre qui nous a accueillis est un bon cadre de recueillement. L’attention soutenue de la part des confrères retraitants était vraiment exceptionnelle. Ce qui ne pouvait qu’encourager l’animateur de la retraite. L’intitulé de la retraite annuelle qui vient de prendre fin pour les Assomptionnistes de Ouagadougou était : « L’Assomption comme œuvre d’amour inlassable de Dieu au monde », avec comme sous-titre : « Au temps du Père Emmanuel d’Alzon et aujourd’hui ». Sous la houlette de l’Esprit Saint, nous avons médité sur l’amour inlassable de Dieu en faveur des hommes. Quand ceux-ci se trouvent dans le besoin, il ne manque pas de se soucier d’eux. C’est ainsi qu’il appelle des hommes et des femmes au sein de son peuple pour leur apprendre à aimer comme lui aime. Ensuite, il les rend capables d’initiatives ou de créativités pour les renvoyer au milieu du même peuple d’où il les a tirés afin d’y être ses signes de bienveillance, de bonté, de miséricorde, de tendresse, bref d’amour.
Vis-à-vis d’un peuple rebelle il ne se lasse pas d’appeler des hommes et des femmes pour procéder de la même manière que nous venons de présenter pour son peuple qui se sentirait dans le besoin. L’Assomption a vu jour dans un contexte où le peuple ne voulait plus de Dieu. Le Père Emmanuel d’Alzon est de ceux que Dieu s’est choisi pour rappeler à la raison ses contemporains qui, affolés par la révolution moderne due au progrès technoscientifique, avaient opté pour une vie sans Dieu. Au cours de la retraite, nous nous sommes rendu compte que nous sommes, en tant qu’assomptionnistes, nés au front. La cause pour laquelle nous luttons est celle de la vérité en dénonçant le mensonge de la révolution moderne.
Pour notre fondateur, le Père Emmanuel d’Alzon, il fallait restituer Dieu aux hommes et ramener ceux-ci à leur Dieu étant donné qu’ils sont de nature à composer ensemble. Oui, pour le Père fondateur, la conquête de la liberté de l’homme par lui-même ne peut en être une puisqu’elle n’est pas du tout possible. L’homme étant de nature à dépendre, mais alors à dépendre de Dieu pour son bonheur, ne peut jamais être libre par lui-même. Quand il prétend l’être pour s’être affranchi de Dieu, il ne l’est pas du tout. En se libérant de Dieu, il dépend automatiquement d’un autre maître qui, malheureusement, ne peut lui assurer un bonheur durable. Il s’agit de Satan qui demeure jaloux de l’homme qui met sa foi en Dieu.
Aujourd’hui, cette tentation de s’éloigner de Dieu ne fait que s’amplifier davantage avec la révolution de la postmodernité qui se veut une Nouvelle Éthique Mondiale. Pour l’homme postmoderne, Dieu et toutes les structures relatives à lui comme la Révélation, la Tradition de l’Église, le Magistère ; mais aussi toute autorité extérieure comme l’État, la famille, voire la conscience sont devenus inopportuns et par conséquent bon à être enterrés. Désormais l’être humain a raison dans tout ce qu’il fait. Tous les comportements de la part de tout être humain sont approuvés. « Droit de choisir » oblige pour la révolution postmoderne. Devant une telle situation qui condamne l’homme dans l’athéisme, l’Assomptionniste d’aujourd’hui trouve que la raison d’être de sa congrégation est encore actuelle. Il se doit de s’engager de plus bel pour hâter le Règne de Dieu au milieu des hommes. Pour cela il lui faut revenir aux origines de sa famille religieuse pour se ressourcer auprès du fondateur afin de mieux s’engager dans l’aujourd’hui. L’amour de Dieu qui a pressé le Père Emmanuel d’Alzon nous presse encore aujourd’hui. Étant héritiers du patrimoine de l’Assomption, l’Esprit Saint nous convie d’être ses refondateurs à l’heure qu’il est.

Du témoignage de ceux qui vous connaissent bien, il parait que les retraites n’ont plus de secrets pour vous. Qu’en est-il réellement ?

L’animation de retraites ! En cette matière, je ne sais pas dire que je suis en train de devenir un expert. Il convient de dire que c’est un domaine où l’on reste apprenti aussi longtemps que l’on se sentira réquisitionné par l’Esprit Saint. Il n’en reste pas moins que l’animation de retraites est une véritable école, mais une école où l’on ne peut pas s’attendre à une collation de grade comme cela se fait dans des milieux académique. Dans cette œuvre spirituelle de retraite, les animateurs sont des apprentis perpétuels. Il est aussi vrai qu’on y apprend beaucoup ou énormément sur le plan spirituel. Cette œuvre de l’Esprit Saint exige beaucoup de la part de ceux qu’il s’est choisi et qui ont accepté de s’engager avec lui. En effet, il faut la méditation de la Parole, concentration, l’intériorisation, l’ascèse, le silence ou mieux le recueillement… Pour tout dire à ce propos, il faut beaucoup prier pour les animateurs des retraites, ou des récollections. Ils ne sont pas moins « agents de l’évangélisation » même s’ils se réalisent au milieu de ceux qui connaissent déjà Dieu comme les consacrés.

Vous avez visité la communauté de Ouagadougou, vous retournez à Sokodé ; nous sommes aussi à la fin d’une année, et c’est la période des vacances ; quel est votre programme des jours à venir ?

De mon séjour à Ouagadougou. Oui, il arrive à son terme. Je suis très heureux d’avoir passé seize jours avec mes confrères de Ouaga. J’ai remarqué l’esprit vraiment assomptionniste dans la communauté. Les temps de prière, de repas, la convivialité, l’esprit d’accueil, de fraternité, d’humour, de serviabilité, les relations interpersonnelles simples… m’ont beaucoup rassuré pendant tout mon séjour. Je repars au Togo, plus précisément à Sokodé avec un bon souvenir de Ouaga.
Dès mon arrivée à Sokodé, je reprends mes activités pastorales à la paroisse Notre Dame de l’Assomption à Komah où je suis vicaire. Je reprendrai aussi sans tarder mes activités à la Radio diocésaine Sainte Thérèse. J’ai des émissions à y animer, notamment « La parole de vie », « La messe du mercredi matin », « Jour du Seigneur », des émissions avec Monsieur Dolama dans le cadre de « Famille et couple ». Mais aussi, j’aurai à me préparer pour l’animation de deux retraites prévues au mois d’Août prochain. Je devrai aussi prendre part à la retraite de nos Frères novices puisque tout animateur de retraites a l’obligation de faire sa retraite annuelle en se mettant à l’écoute de quelqu’un d’autre. Voilà ce qui m’attend dans l’immédiat comme activités à Sokodé en attendant l’ouverture de la nouvelle année pastorale en septembre prochain. Là, nos activités s’étofferont davantage avec les cours que nous dispensons au postulat et au noviciat et les conférences éventuelles au Centre Culturel Saint Augustin de Sokodé.

Merci Père Vincent ; auriez-vous un dernier mot ?

Cher Frère Bernard, je vous dis sincèrement merci de m’avoir accordé cette occasion d’échanges avec ceux qui pourront me lire. Je souhaite « Bon apostolat » à tous les confrères et me recommande à vos prières à vous tous pour les deux retraites qui m’attendent au mois d’août de l’année en cours. Je vous redis encore mon amitié et cela de tout cœur.

Propos recueillis par Bernard BAMOGO, a.a

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