Questions à mon frère Yves ATIDEPE

08122013210Jean Paul : Yves, on dit que « Ne pas partager une histoire d’hommes avec les hommes, c’est trahir l’humanité ». Acceptes-tu de partager quelque chose de toi pour les lecteurs du blog des Assomptionnistes en Afrique de l’Ouest en répondant à mes questions ? D’abord, peux-tu me parler un peu de toi ?

Je vous remercie pour votre question : Je me nomme ATIDEPE Kokou Sényo Yves. Kokou parce que je suis né un mercredi, Sényo qui signifie dans la culture Éwé du Togo « La loi est bonne », et Yves le nom de mon saint patron. J’ai vu le jour le 8 août 1984 à Tsévié. Je suis le cadet des quatre garçons de la famille. De nationalité togolaise, je suis originaire de la préfecture de Kloto (Kpalimé). Issu d’une famille chrétienne par la grâce de Dieu, cela fut pour moi une opportunité et une expérience de vivre une foi œcuménique au sein de la famille. Papa est catholique et maman presbytérienne. Cela ne m’a pas empêché pas de vivre ma vie de foi, mais au contraire cette situation a été pour moi une école de vie à la suite du Christ. C’est dans l’Église presbytérienne que j’ai découvert la foi chrétienne. C’est dans cette église que j’ai commencé les mouvements de petits enfants, destinés à l’animation (danse ballet, théâtre, sketch…). Vint un tournant dans ma vie : le passage de l’église presbytérienne à l’église catholique, laissé à ma liberté et par la liberté des parents. Ce nouveau cap ne m’avait pas rendu indifférent, mais plutôt il a été une continuité à travers les mêmes mouvements retrouvés au sein de l’Église catholique. Ces mouvements ecclésiaux dans lesquels j’ai évolués comme (les chevaliers de l’autel, les chorales, les groupes d’animation, le renouveau charismatique…) furent pour moi une expérience de vie fraternelle, de collaboration et de disponibilité vécues dans l’Église.

Quel ton parcours et comment es-tu arrivé à l’Assomption ?
J’ai fait le BAC G2 et après j’ai poursuivi dans les études supérieures à la faculté des sciences et de gestion(FASEG) pendant deux ans à l’université de Lomé. Mon arrivée à l’Assomption fut pour moi une providence. Je me suis beaucoup interrogé sur le sens à donner à ma vie pendant les deux années où j’étais à l’Université de Lomé. Cela m’a poussé à faire une expérience vocationnelle chez les Comboniens comme aspirant pendant un an. Visiblement ce n’était pas la voie qui me convenait. J’ai découvert l’Assomption à travers le mensuel « Prions en Église ». Par la suite un de mes frères vivant à Sokodé m’a mis en contact avec les Assomptionnistes de Sokodé. Après les choses sont allées vite : une expérience communautaire d’une dizaine de jour en communauté, puis l’année qui suivant le postulat. J’ai eu la grâce de prononcer les premiers vœux religieux le 31 août 2013. Aujourd’hui, je suis étudiant en philosophie dans la communauté du scolasticat Assomptionniste de Ouagadougou.

Quel(s) passage (s) de la Bible retient le plus ton attention et te met en marche ?
J’ai toujours placé mon chemin de vie sur cette parole de Jésus : « Avance en eau profonde et lâchez vos filets » (Luc 5,4). Cette parole de Jésus est pour moi une parole de foi et d’espérance. Une parole de foi parce que dans la nuit des difficultés, des doutes et des fatigues, je sais que le Seigneur est là non pas forcement pour les transformer, mais pour me donner d’aller de l’avant. Une parole d’espérance parce qu’Il est l’espérance de toute espérance, Celui en qui j’ai mis mon espérance.

Dans un de ses textes, le philosophe Emmanuel Mounier dit ceci : « Ma vocation est réellement façonnée par moi-même en collaboration avec l’intention divine ; elle subit des rebroussements, des coudes, des déviations, des accélérations selon les réponses que je donne aux événements, aux avances divines ». Qu’en est-il pour toi ?
Le Seigneur nous a créé libre, et cette liberté nous pousse à faire des choix libres dans notre vie, tout en sachant que notre histoire n’est pas écrite d’avance ou prédestinée. Mais plutôt nous l’écrivons avec le Seigneur dans notre marche de tous les jours. Pour moi, la vocation, c’est le lieu de mon épanouissement, le lieu où je me sens libre pour servir le Seigneur. Le choix n’est jamais facile. On traverse des moments de joies, mais aussi de peines et des doutes. Mais ces moments sont d’une grande importance pour notre maturité humaine et spirituelle à la suite du Christ. Ils nous font grandir et nous mettent dans une confiance perpétuelle dans le Seigneur.

Au fond, pour quelles raisons as-tu choisi l’Assomption ? Qu’est-ce qui t’attire et te motive ?
L’Assomption au-delà de son identité religieuse, a quelque chose de spéciale qui reste toujours incarnée. La vie fraternelle vécue dans la simplicité, la franchise et la convivialité sont pour moi des signes de la vie du royaume. C’est exactement ce à quoi nous appelle l’Évangile.

Y-a-t-il des hommes, des événements qui ont marqué de façon déterminante ton histoire humaine, vocationnelle, jusque-là ?
Tout d’abord je dois un super coucou à mes parents qui ont tracé pour moi le chemin de la vie chrétienne et m’ont donné une éducation. Pour le reste, tout s’est joué et se joue en Église. Ma passion, mon attachement et mon amour à l’Église, fut une source de cet appel à la vie religieuse lors d’un voyage à Bamako (Mali) dans le cadre d’une rencontre des membres de la commission musique et liturgique du renouveau charismatique en 2009.

Justement, il semble que tu aimes la musique, la batterie, le djembé etc.…d’où te viens cette passion ?
Je dirai que cette est une grâce de la part du Seigneur. Tous les membres de ma famille ont cette passion pour la musique. Mes parents disent que depuis mon enfance j’étais attiré par le tam-tam. En tout cas, c’est une manière pour moi aujourd’hui de servir Dieu par la louange et mes frères en m’insérant ici et là dans les chorales dans les lieux où il m’est donné de vivre.

Tu connais peut-être la question de Georges Brassens, poète, auteur-compositeur français : « Pourquoi philosopher alors qu’on peut chanter ? » Comment le jeune étudiant en philosophie répondrait-il à cette question ?
Pour moi, on ne peut pas séparer la philosophie et le chant. Ils vont de pair. La philosophie qui est travail de réflexion, recherche perpétuelle de la vérité et de la sagesse, s’enracine dans la vie quotidienne des hommes. Chanter, c’est s’émerveiller de quelque chose qui nous dépasse, et que l’on veut chercher à connaître ou à faire connaitre. Or l’émerveillement nous pousse à la recherche de la vérité. Ainsi donc le chant précède la philosophie, en ce sens qu’il peut constituer l’une des origines de cette dernière.

Dans Citadelle, Saint-Exupéry écrit : « Donc moi-même, hors de toutes communautés, je ne suis rien qui compte et ne saurais me satisfaire ». Pour toi, c’est quoi la communauté assomptionniste ?
Je dirai que la communauté assomptionniste est une famille où chaque frère à sa place pour vivre. Lieu du respect de la dignité, de la convivialité et de soutien mutuel.

Dans le mot qu’il a adressé à la communauté de Ouaga à la fin du Chapitre local, le provincial disait ceci : « Soyez des créatifs et des audacieux ». Comment ce propos résonne-t-il dans les oreilles du jeune religieux que tu es ? Quel est ton rêve pour l’Assomption en Afrique de l’Ouest ?
Je crois que l’Assomption doit répondre aux besoins du monde selon le lieu, le temps et les évènements. Cela exige de nous un engagement de réinvention de l’Assomption au jour le jour selon l’esprit du Père Emmanuelle d’ALZON. Mon rêve pour l’Assomption en Afrique de l’Ouest est que nous puissions travailler à un autofinancement à travers le développement de l’agro-pastorale, la création de l’enseignement des divers degrés, et par l’ouverture d’un grand centre pour la pastorale des jeunes.

Propos recueillis par Jean-Paul Sagadou

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