Essayer d’aimer ou André Sève et l’amour fraternel !!!

Fr. MichelJ’aimerais partager avec vous un aspect de notre vie de chrétien qui a été à l’origine de ma vocation à l’Assomption : la simplicité et la manière assomptionniste de pratiquer l’amour fraternel. C’est dans le souci de préserver cette flamme allumée et de répondre aux exigences de la vie communautaire que je suis tombé sur un livre : Essayer d’aimer d’André Sève Assomptionniste.

Avant d’aborder le contenu de ce livre, attirant par son titre, je vous présente son auteur. André Sève est né un 10 février 1913 en Crest (France). Fasciné par un Assomptionniste, le P. Gervais Quenard, qui était de passage près de son village, il décida de rentrer à l’Assomption en 1931. Il prend l’habit religieux le 19 mars 1933 sous le nom de Marie-Paul et fut ordonné prêtre le 27 juillet 1941 par Mgr. Pie Neveu. En Septembre 1943, il entre à la Bonne Presse (Bayard Presse aujourd’hui). Il inaugure donc son apostolat par  la plume et, tout jeune prêtre, en 1946, « il devient successivement rédacteur en chef de la revue Bayard, Rallye-Jeunesse, Panorama Chrétien, Peuples du monde et tient des rubriques régulières dans Panorama aujourd’hui, La Croix, Le Pèlerin, et Vivante Église. »[1] Ses articles, ses interviews, ses ouvrages témoignent d’une grande attention à ce que vivent les gens : le P. Claude Maréchal pouvait affirmer à sa mort qu’ « En homme de Dieu, il ne séparait pas l’intelligence et le cœur au service de l’expérience de foi et de la vie, à travers la communication ». André Sève mourut le 20 mai 2001 à Albertville (France).

Essayer d’aimer est un livre spirituel sur la charité fraternelle et qui, sous forme de méditations et d’exercices pratiques. Ce livre nous invite à quitter nos alibis pour aller à la rencontre de nos frères, et à les reconnaitre comme sacrement vivant du Christ qui lui-même nous a recommandé d’aimer. Comment aider le chrétien à prendre conscience de la chance qu’il a de savoir qu’aimer c’est vivre ? Comment aider le chrétien pour que les mots, « Amour », « Charité », « Partage », aient une saveur de vécu chez lui ? C’est à coups d’initiatives, d’attitudes, de comportements et d’engagements quotidiens, nous dit André Sève à travers les 22 méditations d’Essayer d’aimer, que l’amour devient richesse de vie. Car aimer, c’est une façon de regarder, d’accueillir, de parler, d’agir, de lutter… La fraternité chrétienne, nous dit-il, passe aussi à travers tout ce qui nous éprouve, à travers nos repliements et nos peurs, et aussi à travers tout ce qui rend notre société fragile, dure et parfois violente.

En effet, dans sa 8ème méditation (« Être fraternel dérange »), André Sève nous rappelle qu’« on a rien sans rien et pas d’amour sans que cela ne nous coûte ». Souvent nous nous limitons à des gestes de fraternité qui ne nous dérangent pas trop. Nous faisons des tris en aimant selon nos attirances et nos intérêts. « Si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? » (Mt 5, 47.) L’extraordinaire commence quand nous décidons de faire un effort d’amour pour les « pas intéressants ». Nous trouvons parfois aussi des alibis comme « Aujourd’hui, je suis mal réveillé, pas d’amour fraternel ». Pas en forme pour être accueillant et serviable aujourd’hui ? Non ce serait de nouveau restreindre la vie fraternelle à ce qui ne dérange pas nous dit André Sève. Il ne faut pas trop vite abdiquer en disant que nous sommes comme ça. Il faut que nous acceptions de faire des efforts en ces périodes de mauvaise humeur où aimer nous coûte deux ou dix fois plus de dévouements qu’ordinaire. André Sève soulève aussi le fait que nous ne sommes pas souvent intellectuellement hospitaliers : l’idée étrangère nous dérange.

Nous sommes presque tous très sensibles aux déchirures et aux échecs de la fraternité chrétienne. Que ce soit dans nos communautés, dans nos familles ou dans nos paroisses, nous souffrons, souvent sans le dire, des attitudes qui équivalent à une négation pratique de la fraternité chrétienne. Mais, même si nous souffrons de ces échecs si réels de la fraternité chrétienne, il faut reconnaître cet autre phénomène, aussi réel que le premier : la fraternité chrétienne est réellement vécue parmi nous, et elle a de multiples formes. Il y a d’abord tous ces signes et tous ces actes à travers lesquels s’expriment l’attention mutuelle, la bienveillance, la compréhension, la confiance, la bonté.

Conscients que nous sommes « crée pour aimer et être aimer» (RV 33) et que la fraternité chrétienne est fondée sur le Christ, Parole vivante de Dieu, qui nous donne la vie et qui nous fait frères et sœurs, nous avons besoin de  revaloriser à nos propres yeux la fraternité chrétienne et de comprendre qu’elle n’est pas faite de bons sentiments, qu’elle n’est même pas un idéal, mais un donné inséparable de la personne du Christ, et qu’elle demande à être pratiquée tous les jours de façon résolue, solidaire et même radicale. Il est possible d’ « Essayer d’aimer » car aimer est source de vie.

[1] PERRIER-MUZET Jean-Paul, Notices biographiques des religieux de l’Assomption

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