Une des dernières sessions de l’année : Introduction aux grandes religions

sessioL’Hindouisme, le Bouddhisme, le Judaïsme, l’Islam, le christianisme et bien d’autres encore sont autant de religions qui procurent aux hommes de ce monde, le « goût de Dieu » et qui nourrissent leur quête de transcendance. En face de cette pluralité religieuse, comment ne pas s’émerveiller et aller à la découverte des religions différentes de la sienne, surtout quand on veut être un homme de communion. C’est dans cette dynamique que les novices et postulants assomptionnistes de Sokodé, avec une novice orante de l’assomption ont bénéficié d’une session d’introduction aux grandes religions  animée par le P. Benoît BIGARD, maître des novices, du 6 au 10 juin dernier.

Sans nécessairement faire un résumé de la session, je voudrais partager avec vous les interrogations que nous renvoient les autres religions sur notre façon de comprendre notre foi en Christ. En introduction, une lecture de quelques extraits de la déclaration Nostra Aetate et des documents du magistère nous a permis de saisir l’intérêt que l’Église accorde au dialogue interreligieux. C’est une dimension essentielle à la réalisation de sa mission en tant que « Sacrement de salut ». Dans sa foi, l’Eglise proclame que Dieu veut le salut de tous les hommes et ce, à travers l’unique médiation de Jésus Christ qui s’est livré en rançon pour tous. (1 Tm 2, 3b-6a)  C’est pourquoi, dans la théologie des religions, le christianisme s’inscrit dans un modèle christocentrique parmi et avec les autres religions. Un modèle qui établit clairement que tous les hommes,  indépendamment de leur religion, accède au salut par l’unique médiateur entre les hommes et Dieu, le Christ Jésus. (1 Tm 2, 3b-6a)  Dans chaque religion en effet, se cachent les semences du Verbe et le dialogue interreligieux permet de les découvrir avec joie et respect. (Décret Ad Gentes, N°11, Vatican II). Il est donc évident que la découverte des autres religions permet de nourrir notre expérience du Christ et nous renvoie quelques interrogations sur notre façon de comprendre la foi au Christ.

DSCI2232En Asie, l’Hindouisme et le Bouddhisme sont deux des grandes religions du continent. Avant tout, il faut comprendre que le but de ces religions est de sortir du cycle des renaissances et des morts (le samsara) afin de parvenir à un état de perfection ou une union parfaite au divin, en fonction des différentes voies dans chaque religion. Dans l’Hindouisme, l’Advaïta est un état mystique, où l’on vit dans la non dualité, une unité parfaite avec le divin. Pour y parvenir, le corps est partie prenante de l’expérience mystique. Dans la mystique chrétienne, le but est de pouvoir dire avec saint Paul : « ce n’est plus moi qui vit mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20) L’Advaïta permet de s’interroger sur notre communion au divin et quelle est place que notre corps occupe dans la recherche de cette unité, en tant que lieu de l’expérience mystique. Dans le Bouddhisme, on distingue deux grandes branches : le Bouddhisme du MAHAYANA, le grand véhicule, et le Bouddhisme du HINAYANA, le petit véhicule, respectivement libérale et traditionnaliste. Que ce soit l’une ou l’autre, la découverte du Bouddhisme nous invite à l’humilité quant à la conception de nos images de Dieu car pour eux tout s’explique très bien sans Dieu. De plus, le Bouddhisme accorde une grande place à l’expérience personnelle. Et nous ? Notre foi : est-elle le fruit d’une expérience personnelle du Christ ? Ou le fruit d’un ensemble de vérité et de dogmes reçus ?

Avec les juifs, « la foi de Jésus nous rassemble mais la foi en Jésus nous sépare » a dit S. Ben CHORIN. Dans le Judaïsme, la découverte de Dieu s’inscrit dans une longue histoire, tout au long d’un chemin de vie. En méditant le Premier Testament nous sommes également appelés à convertir nos images de Dieu et à ne pas s’y enfermer. Saint Paul, dans sa lettre aux Romains, dit que les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance. (Rm11, 29) Il est donc clair que la Première Alliance ne sera jamais caduque et donc que Dieu ne renie pas son Alliance et donne une place au Judaïsme comme aux autres religions dans son plan de salut. Dans le Judaïsme, il existe un ensemble de règles à appliquer au quotidien pour vivre en tant que bon juif. Elles peuvent être plus ou moins libérales en fonction des tendances. Elles permettent aux juifs de garder en conscience que la proximité de Dieu n’exclut pas le fait qu’il soit un Tout Autre. Et donc, pour nous chrétiens, que l’incarnation du Verbe ne nous empêche pas de reconnaître en Dieu un Tout Autre dont on ne peut pleinement faire l’expérience qu’à travers un processus de maturation et de croissance.

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Les musulmans sont dominants dans 36 pays dans le monde entier. De nos jours, en phase avec l’actualité, il est facile de s’enfermer dans une conception négative de l’Islam. Et pourtant, en osant aller à sa découverte, on y retrouve des rayons de Vérité, des semences du Verbe. L’affirmation de l’unicité de Dieu, d’« Allah », constitue le credo des musulmans. Nous croyons aussi en seul Dieu. Mais est-ce véritablement en un Dieu ou en trois Dieux que nous croyons ? Certaines dévotions chrétiennes populaires doivent être corrigée… Les musulmans prient au moins cinq fois par jours. Les chrétiens en général, en dehors des moines, n’ont pas développé une vie de prière organisée dans la journée. Et pourtant, l’Église, nous offre la liturgie des heures en tant que moyen efficace pour rester en permanence en communion avec le Seigneur. Qu’elle est donc la place de Dieu et de la prière dans notre vie quotidienne ?

Toutes ces interpellations montrent que les autres religions peuvent constituer un miroir avec lequel l’on peut inspecter notre manière de vivre la foi. Découvrir les religions permet d’être humble et d’admettre avec Michaël Amaldoss que « dans une perspective pluraliste, nous devenons plus conscients du fait que même dans le christianisme, la manifestation et la compréhension de la Parole, de cette Parole qui est la plénitude même, ne peuvent être que partielles et limitées parce que le christianisme lui aussi est en marche et qu’il est conditionné par l’histoire et la culture » (consulteur eu conseil pontifical pour le dialogue interreligieux)

Jovic KOUEPOU, novice, a.a

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