PHILOSOPHIE

TRAVAIL DE FIN DE CYCLE A OUAGADOUGOU

« La complexité du réel chez Gaston Bachelard« 

Nous avons intitulé notre travail de fin de cycle de philosophie « La complexité du réel chez Gaston Bachelard ». Nous avons travaillé sous la direction de Monsieur Bouda Pierre. Le domaine de l’épistémologie nous a particulièrement intéressés parce que nous portions en nous le grand désir de comprendre le mécanisme par lequel la science parvient à la connaissance du monde. Gaston Bachelard qui analyse l’évolution des sciences physiques nous a paru bien indiqué pour cerner ce mécanisme sous une vision de plus en plus actuelle de la complexité. Notre travail entre dans un cadre purement pédagogique. Nous avons tout simplement tenté de présenter la pensée de Gaston Bachelard sur une thématique rarement évoquée de la complexité.

Une affirmation nous a servi de point de départ. Aujourd’hui, grâce au développement technologique, le scientifique recherche plus dans le réel caché que dans le donné immédiat pour ériger la connaissance du monde physique. Il pense le réel à la fois comme un noumène (dans le registre de l’infra-sensible), une abstraction mathématique et comme un phénomène ou un fait. C’est l’antipode de ce que prônaient l’époque moderne et le positivisme. Dans la perspective de celui-ci, le réel se donne de façon immédiate comme un fait uniquement. En ce sens, notre travail pose le problème de la possibilité de la connaissance objective de la nature dans le contexte où une approche phénoménale et une approche nouménale de la réalité sont tributaires.

Dans notre réflexion, nous essayons de répondre à la question suivante : Est-il possible d’ériger une connaissance objective et certaine à partir du réel non réductible au seul phénomène ? Trois questions ont facilité la construction de notre réponse à cette question. Quelle est la caractéristique de l’objet d’étude des sciences physiques contemporaines ? Quelles sont les possibilités épistémologiques pour construire une connaissance objective du réel dont la saisie totale échappe au scientifique ? Quelle pertinence philosophique peut-on reconnaître à la notion de complexité telle que posée dans les sciences physiques ? Pour traiter cette problématique, notre première partie fait une démonstration du caractère complexe de l’objet d’étude de la physique contemporaine, particulièrement la microphysique. Cette complexité signifie que l’objet des sciences physiques se donne comme un groupe des microéléments et non une singularité.

Aussi, la complexité veut dire que la saisie du réel est pluridisciplinaire. Dans la deuxième partie nous nous sommes focalisé sur l’élucidation des principes de l’épistémologie ouverte, qui est un non-kantisme au sens où elle dialectise les catégories de la raison, et les principes de la méthode non-cartésienne, qui est un renversement et une refondation de la méthode cartésienne. Ce sont ces principes qui rendent possible la connaissance objective de la réalité complexe. En troisième partie, nous avons montré le déploiement du nouvel esprit scientifique régi par les principes susmentionnés dans la sociologie dite scientifique de Pierre Bourdieu et ses compagnons. En notre sens, la pertinence philosophique de la notion de complexité est plus corroborée par le fait qu’elle s’impose dans plusieurs disciplines (informatique, biologie, sociologie, etc.). Elle tend à devenir un nouveau paradigme dans un dépassement de la conception simpliste de la réalité prônée par les siècles passés.

Au terme de la réflexion, nous nous sommes rendu compte que la connaissance de la réalité complexe suit une objectivation progressive. L’approche nouménale permet d’extirper de la connaissance toute subjectivité et tout dogmatisme liés aux sens et à la précipitation. Cette connaissance, en opérant entre l’empirisme actif et la rationalisation mathématique, finit par une quête de prise sur la réalité. La science opère donc par approximation successive, qui est « une objectivation inachevée, prudente, féconde et vraiment rationnelle puisqu’elle est à la fois consciente de son insuffisance et de son progrès ». Elle avance avec l’incertitude comprise comme ouverture à la nouveauté susceptible de la modifier radicalement.

MUHINDO LUTSUMBI PAULIN

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